Moi, président.e écolo : la gêne des écologistes sur la question européenne

Frexit Ecologique
27 min readSep 12, 2021

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https://www.mediapart.fr/journal/france/100921/face-mediapart-le-debat-de-la-primaire-ecologiste?onglet=full

Les trois débats de la primaire écologiste se sont déroulés les 5 septembre, 8 septembre et 10 septembre 2021.

A l’occasion du troisième et dernier débat qui se déroulait dans l’émission « A l’air libre » de Médiapart, le sujet de l’Union européenne est arrivé dans le débat au détour d’une question posée par Fabien Escalona à Éric Piolle sur le degré de préparation des Verts face à la conflictualité de l’exercice du pouvoir. Fabien Escalona imagine un scénario où la finance internationale s’attaque à la France en faisant monter les taux d’intérêts, en menaçant de délocalisations etc. et demande à Éric Piolle son plan. Dans la question d’Escalona, l’Union européenne n’est pas citée et elle n’a pas non plus été mentionnée jusqu’à présent dans le débat.

C’est via la réponse que fait Éric Piolle que le sujet des traités européens arrive dans le débat. Par la suite, la thématique européenne se croise avec les solutions envisagées par les Verts pour faire avancer la transition chez les poids lourds de l’économie mondiale et en particulier la Chine.

Les moments clefs de cette séquence ont été présentés sous forme de roman photo sur tweeter. Frexit Écologique propose ici de repartir de cette séquence et d’analyser plus en détail le positionnement des différents candidats Verts qui se dessine face à la question européenne.

Ce qui est manifeste c’est que les candidats ne partagent pas le même diagnostic et n’ont pas la même compréhension du fonctionnement de l’Union européenne. D’un côté, un discours sur “l’explosion des traités” qui n’étant plus appliqués ou applicables permet une action directe en faveur de l’écologie. De l’autre la reconnaissance d’un cadre européen contraignant qu’il faut faire évoluer pour permettre à l’écologie de réussir. C’est l’éternel slogan “changer l’Europe”. C’est entre ces deux discours que les candidats à la primaires se séparent en deux groupes : “ceux qui proposent d’agir” et “ceux qui proposent de négocier”. Finalement, ce clivage entre candidats écologistes apparait si profond qu’il mène à une certaine gêne pendant le débat. En particulier pour le favoris et fédérateur auto-désigné Yannick Jadot qui ne parvient pas à produire une synthèse cohérente. C’est pourquoi nous avons choisi d’intituler cette revue « Moi, président.e écolo : la gêne des écologistes sur la question européenne ».

Un grand merci à Valentine Oberti et Fabien Escalona d’avoir continué à creuser avec les candidats le sujet de l’Union européenne. Cela n’avait pas été fait dans le débat précédent sur LCI.

Eric Piolle

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680453856059399

Un scénario possible à l’arrivée des écologistes au pouvoir serait une réaction des marchés et même des actions concertées pour paralyser l’action du gouvernement. Fabien Escalona imagine du chantage à l’emploi, l’augmentation des taux d’intérêts. L’attaque imaginée vient des acteurs économiques les plus puissants. Que fait Eric Piolle dans ce cas ?

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680459820408835

Nous verrons plus loin la position de Delphine Batho qui dit clairement “si on met un ou une écologiste à l’Élysée dans le système institutionnel actuel, il sera en quelques jours dos au mur”. Les forces qui limiteraient l’action des écologistes ne sont donc pas forcément celles que l’on croit. Toujours est-il que pour Eric Piolle, la réponse apportée à une attaque des marchés passe par l’UE.

A ce sujet, la formulation a sans doute son importance car pour le candidat, il y a “les changements à apporter au niveau européen” dont “le changement de mandat de la Banque Centrale Européenne.” qui est mis en avant.

Un changement de mandat qui est précisé comme la poursuite des objectifs concernant “le chômage et le climat” plutôt que “l’inflation et la croissance”. En revanche, il n’y a aucun détail sur les autres changements proposés par le candidat. Par exemple, il n’y a aucune proposition de modification de l’article 63 du TFUE qui autorise l’évasion fiscale et écologique, ni de remise en cause de l’article 32 qui concentre à lui seul un esprit aux antipodes de la transition écologique : en effet, cet article promeut l’intensification des flux de marchandises et le libre-échange (« les échanges commerciaux entre les États membres et les pays tiers »), le productivisme (« développement rationnel de la production »), le consumérisme (« expansion de la consommation »), la concurrence dure (« accroître la force compétitive des entreprises »), l’extractivisme et le matérialisme (« nécessité d’approvisionnement de l’Union en matières première et demi-produits »).

Ainsi, parmi les nombreux problèmes que pose l’UE en matière de transition écologique, le candidat Piolle ne donne finalement quasiment aucun détail. C’est donc le flou qui s’installe. Sans doute est-ce une posture rassurante vis-à-vis des marchés mais peut-être avant tout des autres partenaires européens qui ne sont pas encore clairement identifiés ? Eric Piolle souhaite probablement une discussion plus flexible avec ses partenaires sur le degré de refonte des traités ? Par exemple, du fait des élections qui se déroulent en Allemagne ce mois de septembre et dont l’issue est très incertaine.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680465801523202
https://twitter.com/FEcologique/status/1436680471518253057

Pour y parvenir, la stratégie d’Eric Piolle est de constituer un groupe de 14 États membres donc un groupe majoritaire dans l’union à 27. Dans ce groupe, l’Allemagne prendrait une place importante comme en témoigne sa référence directe au programme des Verts allemands. Nous le verrons plus loin, Yannick Jadot ne parle pas quant à lui d’un groupe de 14 États membres mais du couple franco-allemand. De ce point de vue, Eric Piolle semble avoir une vision plus moderne et ouverte des partenaires au sein de l’union.

Par contre, dans le programme des Verts allemands, document de 137 pages disponible en pdf au lien suivant, nous n’avons pas trouvé la formulation indiquée par Eric Piolle disant que la vision allait jusqu’à la refonte des traités (Nous sommes preneur d’une source si quelqu’un en dispose). Néanmoins, ce qui est particulièrement marquant dans ce document est que la France n’est citée qu’une seule fois dans le document au sujet des produits contenant du bisphénol, un sujet important mais qui ne donne pas à la France, du point de vue des Verts Allemands, la dimension d’un partenaire indispensable pour refondre les traités.

Les échanges s’enclenchent avec les autres candidats au sujet des traités européens mais reprenons les propos d’Eric Piolle à 2 h 41 min de débat quand la discussion concerne les solutions envisagées par les Verts pour faire avancer la transition chez les poids lourds de l’économie mondiale et en particulier la Chine.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680567060324358
https://twitter.com/FEcologique/status/1436680573066559495

Eric Piolle veut que la parole de la France soit crédible et c’est tout à son honneur. Nous retenons donc un impératif d’exemplarité auquel nous adhérons. C’est d’ailleurs le cœur de l’analyse que nous développions dans Le choix de l’action contre l’immobilisme des compromis improbables sauf que nous n’attendons par l’UE pour agir grâce au Frexit Ecologique.

Les déclarations d’Eric Piolle “nous sommes pro-européens à la fois d’un point de vue énergétique, géopolitique” sont problématiques à plusieurs égards. Parlons d’abord d’énergie puis de géopolitique, nous aborderons alors les propos de Delphine Batho.

Pro-européen d’un point de vue énergétique

Nous reprenons ici les éléments fournis lors de notre analyse faisant suite à l’annonce de l’exclusion du nucléaire du financement par obligations vertes européennes (pour ceux qui sont intéressés, nous expliquons l’articulation entre taxonomie, finance verte, plan de relance et rappelons la place de l’atome dans l’UE).

D’un point de vue énergétique, l’UE est caractérisée par la dépendance : une dépendance proche de 100% pour le pétrole, une dépendance qui atteint les 90% pour le gaz et une dépendance qui augmente lentement mais sûrement pour le charbon. Le bilan est une dépendance qui dépasse les 60%.

https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Energy_production_and_imports#Production_of_primary_energy_decreased_between_2009_and_2019

En France, le taux de dépendance énergétique est plus faible, de l’ordre de 45,4% grâce au nucléaire (l’hydraulique joue également mais le nucléaire est dominant) et si la situation se dégrade sur la période récente, cela s’explique en partie par la baisse de production nucléaire ainsi que l’indique le bilan énergétique de la France de 2019 publié par le ministère du développement durable.

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/bilan-energetique-de-la-france-pour-2019

Si le rôle du nucléaire est si important en France, qu’en est-il à l’échelle européenne ? La réponse étonnera car elle tranche totalement avec l’omniprésence de l’éolien et du solaire dans les grands médias : Le nucléaire est au cœur du peu d’indépendance énergétique de l’Union européenne.

Avec 32% de la production primaire d’énergie, le nucléaire est numéro 1 tandis que les nouvelles énergies renouvelables (éolien, solaire) qui reçoivent des milliards d’euros de subventions depuis vingt ans peinent à atteindre les 7,6% de la production primaire pour s’établir en 5ème position. Elles ne sont pas une solution pour l’indépendance énergétique de l’Union. D’ailleurs, rapporté à l’investissement, la démarche s’avère inefficace pour le climat à l’échelle française. Vu le rythme de réduction de l’empreinte de l’Union sur 20 ans (1% par an contre une rythme nécessaire de 7% par an au moins), difficile de dire qu’il en va beaucoup mieux à l’échelle des 27 États membres.

Malgré cela, un modèle de transition énergétique basé sur les nouvelles énergies renouvelables est imposé par l’UE sous influence allemande anti-nucléaire, pro-ENR et de fait pro-gaz.

Pour équilibrer le réseau, à côté d’une éolienne ou d’un panneau solaire, il faut un moyen programmable, capable d’augmenter ou de diminuer sa puissance en fonction des évolutions de la demande. Ces grands moyens programmables sont le nucléaire, le charbon, le gaz. Si le charbon vraiment trop sale est exclu et que le nucléaire aussi pour des raisons idéologique (nous avons vu que la science dit “nucléaire OK”) alors il ne reste que le gaz. C’est dans ce contexte que l’usage du gaz explose en Europe. Factuellement, depuis les années 2000, l’énergie qui croît vraiment dans l’UE, c’est le gaz, pas les nouvelles énergies renouvelables.

Ainsi, sous influence allemande, l’UE va détruire le peu d’indépendance énergétique porté par le nucléaire au profit d’une dépendance croissante au gaz.

Si Eric Piolle se dit pro-européen d’un point de vue énergétique cela correspond à une vision où la France détruit également son indépendance énergétique mais les effets vont plus loin car aujourd’hui le nucléaire est le troisième secteur industriel français avec de nombreux emplois non délocalisables.

Pour le nucléaire, l’essentiel de la valeur ajoutée se trouve en France alors que ce n’est absolument pas le cas pour l’éolien par exemple (allez par exemple dans l’Aveyron et vous verrez de belles éoliennes de conceptions allemande exploitées par des entreprises allemandes, les subventions qui correspondent à des prélèvement sur le contribuable français repartent en Allemagne …). Remplacer le nucléaire par de l’éolien et du solaire détruira des emplois mais il s’accompagnera par des importations de gaz en particulier en provenance de la Russie ce qui accroît les risques géopolitiques ce qui nous permet de faire le lien avec la deuxième partie de la déclaration d’Eric Piolle.

Pro-européen d’un point de vue géopolitique

Eric Piolle pointe probablement ce qu’il entend par pro-européen d’un point de vue géopolitique quand il dit “je ne crois pas à un alignement derrière la position américaine”. Malheureusement, avant les croyances il y a les faits, les faits des traités européens et de l’OTAN.

Eric Piolle semble oublier que l’OTAN et l’UE sont les deux faces d’une même médaille. L’UE est le volet économique quand l’OTAN est le volet militaire. Cela ne dépend pas du locataire de la maison blanche qu’il s’appelle Trump ou Biden, il s’agit d’engagement pris par les pays signataires des accord. Et cette réalité qui s’impose à la France remonte au Traité de Maastricht en 1992 et a été réaffirmé dans le cadre du Traité sur l’Union européenne en 2009. Indiquons quelques extraits à ce propos.

Dès Maastricht, la stratégie de défense des États membres de l’Union de l’Europe occidentale est pensée par rapport à l’Alliance atlantique c’est-à-dire l’OTAN. Le projet européen doit d’ailleurs s’accompagner d’un renforcement de la “contribution à la solidarité au sein de l’Alliance atlantique”.

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:11992M/TXT&from=FR

En particulier, la construction européenne ne doit pas remettre en cause les engagement des États membres au traité de l’Atlantique Nord c’est-à-dire l’OTAN :

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:11992M/TXT&from=FR

Dans le TUE, la logique de Maastricht est reprise dans le cadre de l’article 42 dont voici quelques extraits.

Par rapport à Maastricht, la différence est que le TUE prévoit une « politique de sécurité et de défense commune » qui se présente désormais sous l’acronyme PESD (Politique Européenne de Sécurité et de Défense). Une telle démarche pourrait être conforme à la vision d’Eric Piolle d’une Europe forte et non alignée sur les États-Unis. D’autant plus que l’alinéa 3 prévoit effectivement la mise en commun par les États membres de capacités civiles et militaires. D’aillerus, c’est la démarche d’Europe de la Défense qui figurait dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de la défense de 2013.

Néanmoins, le diable se cache encore dans les détails. Comme dans le traité de Maastricht, le TUE prévoit que l’appartenance à l’UE n’impacte pas les obligations des États membres vis-à-vis de l’OTAN.

Sur 27 États membres de l’Union européenne, 21 sont membres de l’OTAN. De fait, la PESD est totalement alignée sur l’OTAN. Le non alignement souhaité par Eric Piolle est donc impossible dans le domaine militaire du fait des traités européens.

En conclusion, le “nous sommes pro-européens à la fois d’un point de vue énergétique, géopolitique” d’Eric Piolle est une destruction programmée de l’indépendance énergétique européenne, une destruction du système électrique français et de ces emplois à haute valeur technique, une alignement total sur l’OTAN et donc les États-Unis.

Delphine Batho

Ayant fait le point avec Eric Piolle, Valentine Oberti s’adresse à Delphine Batho. C’est probablement ici que se tient la séquence la plus inattendue et propice à la spéculation concernant le rapport des écologistes à l’UE.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680477503598596
https://twitter.com/FEcologique/status/1436680483333627917

Tout d’abord, relevons une erreur sur le montant du plan de relance des États-Unis, il ne s’agit pas de 5 milliards de dollars mais plutôt de 1900 milliards de dollars.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680489448976385
https://twitter.com/FEcologique/status/1436680495446859782

Nous partageons : le plan de relance n’est pas écologique car il fait la part belle à l’économie conventionnelle. Néanmoins, sur 750 ou 800 milliards il y a 200 milliards de financement par les émissions d’obligations vertes européennes en octobre 2021. 200 milliards correspond à 20%-26% soit une proportion qui n’a jamais encore été atteinte par l’Union à notre connaissance. Évidemment, reste à voir dans quelle mesure cela se traduira dans les faits d’autant plus que, comme nous l’indiquions précédemment, les grands plans de relance qui promettent un monde durable doivent être pris avec beaucoup de réserve car ils s’avèrent souvent un enfumage de greenwashing. Notons que le principe de taxonomie appliqué au plan de relance est intéressant même s’il n’inclut pas le nucléaire (à notre évident regret).

Valentine Oberti rappelle Delphine Batho à la réalité “il nous semblait qu’on était signataires de certains traités qui conditionnaient une partie de la politique française”. En réalité, Valentine Oberti use de l’euphémisme. Les traités européens touchent à l’ensemble des secteurs de la société. Soyons factuels et rappelons encore une fois le contenu des articles 3 et 4 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne.

Dans les compétences exclusives de l’Union nous retrouvons des composantes essentielles sur l’union douanière, les règles de la concurrence, la politique monétaire pouvoir régalien par excellence, politique commerciale et accords internationaux.

Les émissions importées représentent 55% de l’empreinte moyenne d’un français. Comment ne pas faire le lien entre les compétences exclusives de l’UE en matière d’union douanière, de règles de la concurrence, de politique commerciale et la part croissantes des importations dans notre empreinte carbone ?

Alors évidemment, beaucoup diront que l’UE en matière d’activité législative à l’assemblée nationale ce n’est pas 80% ni 60% comme nous l’entendons très souvent à tort mais sans doute plutôt de l’ordre de 25%. Il ne s’agit absolument pas d’un bon indicateur. Cela fera 30 ans pour Maastricht en 2022, et plus de 10 dix ans pour les TUE et TFUE il apparaît logique que le nombre de transpositions en droit national de directives européennes décroît au fur et à mesure que le projet européen a infiltré les institutions nationales (cela dépend également de la période en pleine crise sanitaire …). Ce qui compte ce sont les traités, le partage des compétences entre l’Union et les États membres sachant que, le temps passant, l’intégration européenne progresse si bien qu les compétences deviennent de plus en plus européennes que nationales. Il en va ainsi en matière de politique énergétique et climatique. Depuis 2014, l’Union fixe un cadre et les États membres y répondent par des stratégies nationales. La nécessité des investissements dans les énergies renouvelables y figurent ce qui est également rappelé dans les grandes orientations de politique économique demandées par la Commission à la France. Donc pour reprendre Valentine Oberti, les traités conditionnent une partie de la politique française : oui, les plus essentielles.

Les traités ont “volé en éclat”, les traités ont “explosé”. Ce sont-là deux formules que nous retenons particulièrement dans le positionnement de Delphine Batho et Yannick Jadot.

“volé en éclat”, “explosé” signifie au fond que les traités n’existent plus, qu’ils ne sont plus applicables. Dès lors, il n’est plus besoin d’introduire le cadre imposé par l’UE dans la réflexion sur la conflictualité inhérente à la prise du pouvoir d’une part et de le prendre en compte pour la mise en œuvre d’une transition écologique d’autre part. Le sujet de l’élection n’est pas de refaire l’histoire, mais ne pas parlé de la construction européenne pour les 30 ans de Maastricht serait quand même dommage, symboliquement.

D’une certaine manière, “l’explosion des traités européens” peut devenir un slogan alternatif au désormais très connu “changer l’Europe” qui implique de “renégocier les traités”, “refondre des traités” ce qui correspond à la démarche d’Eric Piolle qui souhaite, avec l’appui des Verts Allemands, “mettre les traités sur la table”. De ce point de vue, Yannick Jadot qui mise sur l’Allemagne est à l’intersection de Batho et de Piolle : “les traités ont explosé” mais nous avons besoin d’aligner le reste de l’Europe grâce au concours de l’Allemagne. C’est probablement la position la moins claire des deux mais Yannick Jadot est dans la position de fédérateur auto-désigné.

Le slogan ou le postulat de l’explosion des traités est efficace en matière de communication. Tout d’abord, il a le mérite, contrairement à la renégociation de traités, de ne poser aucun problème de tempo face à l’urgence climatique. Par ailleurs, il ne nécessite d’apporter aucun élément de justification sur le fond de la négociation qui sera à mener. Quand Batho dit “les traités ont volé en éclat” on attend plus rien de quelque chose qui n’est plus. En revanche, quand Eric Piolle dit on va “mettre les traités sur la table” mais ne parle que du mandat de la BCE sans parler du reste, on se pose des questions !

Il y a plus intéressant encore dans les conclusions logiques à tirer de cette séquence et des points de vue des différents candidats. De deux choses l’une :

  • soit l’UE est un véritable moyen de réussir la transition écologique et auquel cas les écologistes devraient s’alarmer du fait que les traités aient “explosé”
  • soit l’UE est un boulet pour la transition écologique et à ce moment il y a de nombreuses raisons de se réjouir, si elle existe, de l’explosion des traités.

Ainsi positionnée, la thématique de l’explosion des traités fait apparaître une différence majeure entre les candidats.

Si la nécessité d’agir rapidement (pour ne pas dire extrêmement rapidement) afin d’avoir une France neutre en carbone bien avant 2050. D’un côté, Eric Piolle et Jean-Marc Governatori (nous analyserons le positionnement de Sandrine Rousseau après), choisissent la stratégie de négociation ce qui sous-entend que le cadre européen est nécessaire et donc un véritable moyen de réussir la transition écologique. D’un autre côté Delphine Batho considère que l’explosion des traités permet d’agir tout de suite et plus encore, quand Valentine Oberti lui fait remarque que les traités ont volé en éclat temporairement, la réponse de Delphine Batho est “Oui, enfin quand même, quand même …”. De la sorte Delphine Batho soutient que son raisonnement est juste. Si l’on est “dans un moment historique qui est un moment de retour du politique” et que l’explosion des traités n’a finalement que peu d’importance, cela pourrait signifier que la France est déjà, dans l’esprit de Delphine Batho, sortie de l’UE.

Face à cette situation, Yannick Jadot va réaliser un numéro d’équilibriste manqué. En raison de son statut de fédérateur auto-désigné de la primaire, il se doit de réconcilier deux positions totalement disjointe : l’UE comme ennemie et comme amie de l’écologie. Yannick Jadot illustrerait alors un doute émergeant au sein du mouvement écologiste entre un part majoritaire qui s’inscrit toujours dans un schéma classique de renégociation des traités européens mais une part minoritaire aux arguments plus robustes qui reconnait déjà que le principe de Frexit Écologique est la réponse face à l’immobilisme des compromis improbables et aussi, a priori, un passage obligé quand il s’agit de mettre en place la décroissance.

Remarque : Nous avons conscience du caractère spéculatif de cette assertion mais la mettons sur la table car c’est une conclusion possible de l’analyse des réponses des candidats. Est-ce qu’elle ignore totalement que la clause dérogatoire n’est que temporaire et que l’austérité budgétaire de l’UE s’abattra sur la France à la sortie de crise ? Ou est-ce que la France est virtuellement déjà sortie de l’UE pour elle ? Nous n’avons fait l’analyse uniquement sur la base du débat qui constitue un mince échantillon face à d’autres sources dont les textes de Génération Écologie qui semblent empreint d’un certain européisme. Mais il laisse entrevoir des évolutions à surveiller de près notamment si Delphine Batho gagnait la primaire écologiste. Cette hypothèse provocatrice d’une infiltration d’EELV par le principe de Frexit Ecologique nous plait également beaucoup.

Yannick Jadot

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680529345236997

Yannick Jadot a dit énormément d’infox sur le nucléaire pendant le débat (démantèlement, stockage des déchats radioactif etc). Nous ne détaillons pas pour nous concentrer sur l’Europe qui est le cœur de cette analyse.

Yannick Jadot est interrogé sur son expérience de député européen.Valentine Oberti lui demande de détailler la difficulté à faire aboutir les sujets dans le cadre européen “Vous êtes député européen Yannick Jadot vous êtes tout à fait bien placé pour savoir que c’est compliqué qu’il faut négocier, qu’il faut discuter, et que c’est contraignant …”. Impatient de répondre, Yannick Jadot sort « bien sûr, il faut du temps ».

Cette petite phrase, simple, montre bien que Yannick Jadot n’a rien compris à l’urgence écologique. Qu’il ne maîtrise pas l’inertie du système et les temps caractéristiques des transformations à réaliser — certaines étant d’ailleurs inconnues. Analysant la position des écologistes entre “le groupe de ceux qui proposent de négocier” et “le groupe de ceux qui proposent d’agir”, il ne fait aucun doute maintenant que Yannick Jadot ne peut être positionné que dans ce dernier groupe tant il n’a pas conscience de l’urgence. Il est presque sur le “y aller tranquille” de Barbara Pompili qui doit porter l’urgence de la transition écologique en France.

Oberti continue et lui pose la question concrète “Comment est-ce que vous faites pour renverser le système, changer de logiciel dans une Europe qui est contraignante sur bien des aspects ?”.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680534286086147

Oberti rappelle à Jadot que la stratégie de Piolle est de renégocier. Yannick Jadot doit prendre position entre Piolle et Batho. Comment fédérer, faire la synthèse de deux points de vue a priori si différents. Il prend position pour Batho dans un premier temps “les traités ont complètement explosé” (à la manière de celui qui reprend le dernier conseil qu’il a entendu pour prendre une décision).

Encore un rappel d’Oberti (conformément à la remarque de Sandrine Rousseau) : les traités existent toujours Yannick Jadot !

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680539474468870

Il entame alors un mouvement de tête comme s’il tentait de nier la contradiction « Non mais attendez, non mais sur les déficits, sur la dette … », il ferme les yeux pour trouver l’inspiration, la synthèse ? Le numéro d’équilibriste continue.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680545249996807

Oberti repose la question de l’explosion sous un autre angle. L’explosion mais au service du libéralisme et d’un système que les écologistes dénoncent. Presque une perche pour Yannick Jadot lui permettant d’enchaîner sur un discours antilibéral en contournant le sujet européen.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680550165762051

Yannick Jadot invoque alors une renégociation des traités en cours : “il y a la renégociation des critères budgétaires à l’agenda européen”. Nous n’en avons malheureusement trouvé aucune trace. S’il a une preuve de renégociation en cours, qu’il la fournisse. La renégociation correspond à la ligne de Piolle.

Partant du principe que les critères budgétaires européens portant sur l’endettement public et le déficit public ne sont pas respectés, pas applicables, pas appliqués, pour Jadot, il y a nécessairement une négociation à venir. En deux phrases il passe quand même de la renégociation en cours à le renégociation qui vient !

C’est ainsi que Jadot termine son numéro d’équilibriste entre explosion des traités de Batho et renégociation de Piolle dans une même phrase.

Malheureusement pour lui, nous le verrons en analysant la position de Sandrine Rousseau, que contrairement à ce que dit Jadot, les règles de gestion s’appliquent bien aux pays membres de l’Union européenne. Par ce passage, Yannick Jadot apparait comme un candidat hors sol.

A contrario, si Batho maintient que les traités ont explosé nous pouvons lui maintenir le bénéfice du doute car elle s’est montrée beaucoup plus rigoureuse dans le reste du débat. Tout repose du sens à donner de son point de vue à l’explosion des traités.

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680555639320581

Pour finir, Yannick Jadot s’inscrit dans une logique d’alliance avec l’Allemagne donc une logique de négociation. Comme Eric Piolle, mais de manière plus directe car il n’est plus question d’une majorité de 14 États membres. Pour lui, en dehors du couple franco-allemande il n’existe pas grand chose si bien que Yannick Jadot bascule dans le registre de la foi pour donner une chance à l’écologie dans le cadre européen : “je m’inscris dans une perspective”, “j’espère” que les écologistes gagnent en Allemagne. C’est là son unique stratégie européenne : un acte de foi dans une Allemagne écologiste. Il n’émet pas de proposition alternative dans le cas où la chancellerie revenait à Olaf Scholz un descendant spirituel de Gerhard Schröder. On sait bien qu’il ne faut pas croire les sondages, mais Olaf Scholz étant désormais présenté comme favoris, les écologistes devraient bien se préparer au scénario d’une Allemagne austéritaire et en tirer les conséquences pour leur programme de transition écologique en France.

Pour clore le cas Jadot, nous devons mentionner une phrase particulièrement détestable qu’il a eu à l’égard des polonais et des hongrois : “l’homophobie et le sexisme de la Pologne ou de la Hongrie”. Pour lui, tous les polonais et tous les hongrois sont homophobes et sexistes. Il devrait évidemment présenter ces excuses tout de suite. Mais ce qui est clair c’est qu’il y a une hiérarchie des peuples dans l’UE selon Yannick Jadot. Derrière quelques écrans de fumée humaniste ce fédérateur auto-désigné est empreint d’un conception racialiste de l’UE tout à fait détestable.

Sandrine Rousseau

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680561016377344

Des candidats de la primaire Sandrine Rousseau est la seule à faire le lien entre UE et organisation de l’austérité, destruction des acquis sociaux. Elle ne fait pas pour autant de l’appartenance à l’Union européenne un sujet important.

Quand Sandrine Rousseau intervient dans l’échange entre Oberti et Batho c’est pour rappeler que les traités n’ont pas explosé : “c’est quand même les textes juridiques fondateurs”. Par ailleurs, s’ils ont explosé, Oberti rappelle à plusieurs reprises que ce n’est que “temporairement”.

Cette réalité entre explosion et non-explosion des traités européens doit être relié à ce que l’on appelle la clause dérogatoire qui a été activée le 20/03/2020 par la Commissions européenne : Le temps de la crise il y a effectivement dérogation concernant l’application du pacte de stabilité et de croissance.

Remarque : le pacte de stabilité et de croissance avait été négocié en pleine crise de la zone euro : une contrepartie allemande contre les plans de sauvetages il faut bien se rappeler des origines car cela peut avoir son importance pour la suite et cela intervient déjà probablement dans la conception du plan de relance européen actuel.

C’est ainsi que la clause dérogatoire se retrouve dans les Grandes Orientation de Politique Économique (GOPÉ) de l’année 2020 sont applicables à la France pour les années 2020–2021.

Néanmoins, les GOPÉ 2020 rappellent que (nous l’avons mis en rouge) si la priorité est à la gestion de la crise, les recommandations par pays de 2019 […] envisageait également des réformes essentielles pour surmonter les difficultés structurelles à moyen et long terme. Ces recommandations restent d’actualité et continueront de faire l’objet d’un suivi […]”.

Nous allons venir au programme initié en 2019 qui donne raison à Sandrine Rousseau dans ce débat sur l’application des traités. Continuons tout de même lès GOPÉ 2020 car l’austérité y est déjà présente à la recommandation n°1 où il est indiqué que “lorsque la situation économie le permettra, à mener des politiques budgétaires visant à parvenir à des position budgétaires à moyen terme prudentes et garantir la soutenabilité de la dette” mais aussi de “continuer à améliorer l’environnement réglementaire, à réduire les charges administratives pesant sur les entreprises et à simplifier le système fiscal”. Les GOPÉ 2020 annoncent donc bien un programme d’austérité budgétaire et de réduction de la dette. Par ailleurs, la dérégulation et libéralisation devront continuer comme prévu en France.

Sandrine Rousseau dit vrai quand elle rappelle à Delphine Batho que les traités européens “remettent la pression et s’il y a la réforme de l’assurance chômage c’est précisément parce qu’il nous faut déjà trouver des sources d’économies”.

En effet, les GOPÉ 2019 reprises par les GOPÉ 2020 indiquent clairement qu’il faut : “favoriser l’intégration de tous les demandeurs d’emploi sur le marché du travail”, “réformer le système de retraites pour uniformiser progressivement les règles des différents régime de retraite, en vue de renforcer l’équité et la soutenabilité de ces régimes”. Traduits de la novlangue européiste et dans la réalité française on trouve effectivement la réforme de l’assurance chômage et la réforme de retraite qui a suscité une importante contestation, que le gouvernement a du suspendre et n’a de cesse de vouloir renoncer. Si Sandrine Rousseau parle de pression, elle ne croît sans doute pas si bien dire : tant que les traités européens s’appliquent et c’est bien le cas même avec la clause dérogatoire, le programme économique de la France est écrit par la Commission.

Ci-dessous la vue plus complète des recommandations de 2019 reconduites en 2020 et applicables en 2021. Outre l’assurance chômage et les retraites il est évidemment question de réduction de la dette, des dépenses publiques, de simplification du système d’imposition, réduire les restrictions réglementaires etc.

Tout le monde le sait, la transition écologique nécessite de mobiliser des investissements énormes. La logique austéritaires européenne n’est pas compatible avec la transition. De plus, l’objectif de croissance économique verte même si elle est écrite dans les objectifs est loin d’être une réalité. La relance et le monde d’après que prépare la commission est donc loin du paradis écologique et de la soutenabilité. Avec le régime de croissance conventionnel, l’empreinte baisse péniblement de 1% par an alors qu’il faudrait être à plus de 7% par an. Il y aurait donc toute les raisons pour les Verts de procéder à une critiques écologiste de l’Union européenne comme nous le propose Frexit Écologique.

Si le problème des traités a été identifié par Sandrine Rousseau, il ne l’est que partiellement et elle ne partage pas de réflexions élargies en ce sens. Dans la mesure où Sandrine Rousseau ne considère pas que les traités ont explosé et qu’ils s’appliquent nous devons de fait la considérer dans le groupe de ceux qui proposent de négocier. Elle prend donc le risque de l’immobilisme des compromis improbables.

Le rattachement de Rousseau au groupe de ceux qui proposent de négocier est renforcé par son rattachement à la thématique de “l’Europe pour faire contrepoids”. Face à la Chine, c’est à l’Europe de prendre les devants et de mettre en place des mesures de rétorsions s’il le faut. C’est à ce moment que les contractions deviennent plus fortes car Rousseau reconnait le cadre européen et ses contraintes mais seulement sur les aspects de politiques économiques et sociales. L’importance du commerce international, de la liberté de circulation des capitaux, la croissance des flux de marchandises en tant que facteurs majeurs de l’aggravation de la crise écologique devraient faire l’objet de discussions au niveau européen pour un membre sérieux du groupe de ceux qui proposent de négocier. Ces dimensions sont néanmoins inscrite dans l’ADN de l’UE que l’on imagine pas aller chercher la Chine sur ce terrain.

Jean-Marc Governatori

https://twitter.com/FEcologique/status/1436680579026767877

Jean-Marc Governatori prend la parole en dernier sur la thématique européenne. Il n’apporte pas de nuance particulière au clivage identifié précédemment entre le groupe de ceux qui proposent de négocier (Piolle, Rousseau, Jadot) et le groupe de ceux qui proposent d’agir (Batho) — Jadot étant malgré tout hors sol. Mais un élément qu’il développe sur l’autonomie nous laisse douter : être autonome c’est avoir moins besoin des autres et finalement préférer la liberté d’agir à la contrainte européenne. Mais il ne pousse pas la logique jusqu’au bout et son adhésion à la thématique de l’Europe forte permet de le classer a priori dans le groupe de ceux qui proposent de négocier.

Conclusion

Le troisième débat des écologistes fait apparaître une thématique de “l’explosion des traités” qui s’oppose à l’ancien slogan de “changer l’Europe”.

Cette thématique divise les candidats de la primaires écologistes en deux groupes avec néanmoins des porosités.

  • ceux qui considèrent que l’UE est un boulet pour la transition écologique. L’explosion des traités est considérée comme la porte ouverte à la réalisation d’une véritable transition écologique. Dans la mesure où il s’agit d’agir tout de suite, nous définissons ce groupe comme le “groupe de ceux qui proposent d’agir”
  • ceux qui considèrent au fond que l’UE est un véritable moyen de réussir la transition écologique et qu’il est donc nécessaire de la transformer. Pour eux, les traités n’ont pas explosé et ils s’appliquent. La thématique du contrepoids à la Chine apparait comme une préoccupation importante. Nous le désignons ce groupe comme le “groupe de ceux qui proposent de négocier”.

Delphine Batho se trouve seule dans le groupe de “ceux qui proposent d’agir” mais nous avons un important doute sur ce qui signifie de son point de vue l’explosion des traités. Est-ce qu’elle ignore totalement que la clause dérogatoire n’est que temporaire et que l’austérité budgétaire de l’UE s’abattra sur la France à la sortie de crise ? Ou est-ce que la France est virtuellement déjà sortie de l’UE pour elle ?

Eric Piolle, Sandrine Rousseau, Jean-Marc Governatori se retrouvent dans le groupe de ceux qui proposent de négocier. Eric Piolle, interrogé en premier reste trop évasif. Au programme des négociations, le mandat de la BCE mais pas plus de détails. Sans doute s’agit-il d’une démarche tactique de sa part. Il n‘évoque pas dans la balance de la négociation le risque austéritaire contrairement à Sandrine Rousseau qui semble bien consciente de l’impact de l’UE (dans le cadre des GOPÉ) mais qui omet une critique écologiste approfondie de l’UE. Les règles en matière de douane, règles de la concurrence, politique commerciale et accords internationaux ne peuvent être passés sous silence quand les importations expliquent 55% de l’empreinte carbone des français. Or, il s’agit de compétences exclusives des l’UE. Eric Piolle aborde la politique monétaire sous l’angle des objectifs de la BCE. Il ne pose pas la question plus générale de l’euro, de l’indépendance de la BCE, de l’interdiction du circuit du trésor pour le financement des grands projets d’infrastructures écologiques. Le groupe de ceux qui proposent de négocier prend le risque de l’immobilisme des compromis improbables que nous avons déjà dénoncé.

Eric Piolle, Sandrine Rousseau, Jean-Marc Governatori (les candidats du groupe de ceux qui proposent de négocier) souhaitent appliquer à la France le modèle allemand anti-nucléaire et pro-gaz associé au développement des ENR (Delphine Batho ne propose aucune vision dogmatique concernant le nucléaire et se distingue à nouveau de ces compétiteurs). Ce faisant ils projettent de détruire le peu d’indépendance énergétique de l’Union tout en aggravant les risques géopolitiques. D’ailleurs, quand il s’agit de l’alignement de la France et de l’UE sur les États-Unis, les candidats semblent n’avoir aucune conscience de l’interdépendance entre UE et OTAN et qu’au sein de l’UE, la France est de fait alignée sur la stratégie militaire des États-Unis.

Yannick Jadot en favori de la primaire tente de prendre la position de fédérateur et de réaliser la synthèse mais ne parvient pas à se positionner. Son discours qui se rattache à la fois à explosion des traités du “groupe de ceux qui proposent d’agir” et refonte des traités du “groupe de ceux qui proposent de négocier” est finalement grevé d’incohérences. En particulier, s’il se rattache au projet européen pour avancer “il faut du temps”. Par ce propos, Yannick Jadot se déconnecte de l’urgence climatique.

Face à des divisions si profondes sur la question européenne dans le troisième débat de la primaire c’est donc un sentiment de gêne qui apparaît chez les écologistes.

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Frexit Ecologique
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Written by Frexit Ecologique

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