UE et dogme de la croissance verte

Frexit Ecologique
4 min readSep 7, 2021

Cette analyse s’inscrit dans notre dossier “Écologie : ce qui pose problème dans les traités européens”.

L’article 3 du Traité sur l’Union Européenne (TUE) inscrit dans les traités européens une démarche de “développement durable” qui consiste à poursuivre un objectif de “croissance économique” tout en assurant un “niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement”.

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=OJ:C:2007:306:FULL&from=FR

Ainsi, l’UE considère comme tout à fait compatibles la poursuite du développement économique et la protection de l’environnement et même son amélioration.

  • “protection” signifierait une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) neutre par rapport à l’environnement c’est-à-dire un découplage relatif (moindre dégradation de l’environnement quand le PIB augmente).
  • “amélioration de la qualité de l’environnement” supposerait quand à elle un découplage absolu (amélioration de l’environnement quand le PIB augmente).

Ainsi, l’article 3 du TUE postule que le PIB pourrait augmenter tout en diminuant l’extraction de ressources naturelles ainsi que les impacts environnementaux, préservant ainsi l’habitabilité de la planète.

Cette vision théorique constitue une théorie optimiste et particulièrement rassurante pour l’avenir : le progrès technique permettrait la croissance de l’économie sans aucune emprise sur l’environnement, une “croissance verte”.

Pourtant, la croissance verte est un dogme qui ne correspond pas du tout avec la réalité.

En effet, il n’existe aucun découplage absolu entre le PIB et consommations de ressources et des impacts environnementaux. En effet, l’augmentation du PIB s’accompagne de prélèvements sur la nature (pétrole, gaz, charbon, fer, aluminium, cuivre, sable, eau etc.) et d’impacts environnements (pollutions, réchauffement, moindre captation de CO2 du fait de la déforestation, érosion des sols etc.).

https://www.eea.europa.eu/publications/growth-without-economic-growth

Alors évidemment, il se passe des choses en Europe et en France. Sinon, comment expliquer l’abondance de discours et d’annonces des politiques et des entreprises sur des mesures supplémentaires pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ?

Si l’on regarde les émissions de gaz à effet de serre, celles-ci baissent à un rythme de 1% par an depuis l’an 2000. Sur la même période, le PIB a bien augmenté. Du coup, s’il y a baisse des émissions et augmentation du PIB, le découplage est bien là ?

C’est plus compliqué car il faut bien voir que même si les émissions baissent, le rythme est très insuffisant pour limiter le réchauffement climatique et donc les impacts environnementaux.

Afin de limiter le réchauffement climatique de 2 °C à la fin du siècle la réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre un rythme de 7% par an de 2021 jusqu’à 2050. Si le rythme est moins volontariste, cela signifie que l’objectif de limitation du réchauffement climatique n’est pas atteint. Dans ces conditions, la croissance économique se poursuit mais les dommages environnementaux aussi.

Il n’y a donc absolument aucune croissance verte ou développement durable.

Pourtant, à la fin de l’année 2020, quand il s’agit de lancer le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), l’objectif de neutralité carbone de l’union à l’horizon 2050 repose sur une stratégie de “croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources” c’est-à-dire une croissance verte dont on sait qu’elle est une illusion.

https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr

Le dogme de la croissance verte est inscrit dans les traités européens qui s’appliquent à la France. Alors que les données passées montrent que la croissance verte n’a pas été en mesure de résoudre la crise écologique et en particulier à la crise climatique, l’UE a reconfirmer son adhésion à ce dogme fallacieux.

Les scénarios de transition en 2050 supposent de manière trop optimiste des progrès techniques jamais atteints depuis les révolutions industrielles. Les nouvelles énergies renouvelables sont totalement marginales dans le mix énergétique mondiale.

Contrairement à ce que soutient le dogme européiste de la croissance verte : entre PIB et destruction de l’environnement il faut choisir.

L’article 3 du TUE constitue une imposture écologique, il doit être dénoncé.

Références

Données

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